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Photographie, Tours, Tours bastionnées, Architecture militaire, Corse (France. - Domination génoise) (1347-1768), Tours rondes
Tour génoise Castellucio sur la Grande Île des Sanguinaires (Corse).
Tour génoise de La Parata à Ajaccio (1550). La garnison d'une tour se constituait de deux à six hommes (les torregiani) recrutés parmi les habitants et payés sur les taxes locales. Ces gardiens devaient résider en permanence dans la tour. Ils ne pouvaient s'en éloigner que deux jours maximum, pour le ravitaillement et la paye, et un par un. Ils assuraient la vigie avec les feux et signaux réglementaires: ils montaient matin et soir sur la plate-forme, renseignaient navigateurs, bergers et laboureurs sur la sécurité, communiquaient par feux avec les tours les plus proches astucieusement positionnées à portée de vue, et surveillaient l'arrivée d'éventuels pirates. En cas d'alerte, le signal donné sur la terrasse au sommet de la tour, sous forme de fumée, de feu ou d'un son de culombu (grande conque marine), prévenait les environs de l'approche d'un navire hostile. S'ensuivait le repli général des bêtes et des gens vers l'intérieur. Les deux tours les plus proches s'allumaient alors et ainsi de suite, ce qui permettait de mettre toute l'île en alerte en quelques heures. Les tours étaient toujours insuffisamment armées. Elles servaient principalement de postes douaniers et d'amers. Les torregiani négligeaient souvent leur rôle militaire, pour se concentrer sur le contrôle du commerce maritime et la perception de diverses taxes. Ils pratiquaient aussi le négoce du bois et l'agriculture sur les terres environnantes.
Dessins et plans, Architecture militaire, Corse (France. - Domination génoise) (1347-1768), Tours sèches
Description et plan de la tour génoise de la Parata (1550). Joseph de Fréminvile, Tours génoises du littoral corse, 1894. Le littoral corse est constellé de tours (en corse torri), devenues un des symboles de l'île. Bien que toutes ne soient pas d'origine génoise, on les appelle généralement "tours génoises", sans distinction. La construction de ces tours génoises est la conséquence de la prise de Constantinople par les Turcs en 1453 ; les Barbaresques commencent à razzier les côtes et le feront pendant trois siècles. Elle débuta au XVIe siècle à la demande des communautés villageoises pour se protéger des pirates. En 1530, la république de Gênes dépêche deux commissaires extraordinaires, Paolo Battista Calvo et Francesco Doria, pour inspecter les tours et fortifications chargées de défendre l'île des invasions barbaresques. En 1530 la Corse a 23 tours dont 10 au Cap. Dès 1531, l'édification de quatre-vingt-dix tours est décidée sur le littoral corse, dont trente-deux dans le Cap Corse. Les travaux commencent sous la supervision de deux nouveaux commissaires extraordinaires génois : Sebastiano Doria et Pietro Filippo Grimaldi Podio. Il s'agissait d'étendre à la Corse le système de vigilance déjà en vigueur sur le pourtour méditerranéen. Ces vigies placées en avant-poste prévenaient et défendaient des attaques des Barbaresques et de tous les dangers venant de la mer. En 1730 l'île a 120 tours dont 30 au Cap. Aujourd'hui, sur les 85 tours dénombrées au début du XVIIIe siècle, 67 demeurent encore debout.
Tour génoise Santa Maria, Cap Corse : 1) guardiola, 2) terrasse, 3) salle de garde, 4) salle de repos, 5) réserves. Les tours génoises sont des édifices en pierre de 12 à 17 m de haut sur 8 à 10 m de diamètre. Parfois carrées, le plus souvent circulaires, elles sont toujours construites sur quatre niveaux : 5) la réserve : au sous-sol de la tour ; une niche servait à ranger les vivres ; on y stockait également les munitions ; et l'eau y était conservée dans une citerne, alimentée depuis la terrasse par une conduite directe ; 4) la salle de repos : au premier étage ; parfois séparée de la salle de garde par un simple plancher sommaire et formant avec elle un espace de vie unique ; 3) la salle de garde : au deuxième étage ; percée de meurtrières pour permettre aux torregiani de guetter ; 2) la terrasse : au sommet de la tour ; pour la surveillance ; percée de mâchicoulis ou munie de bretèches, était flanquée d'une guardiola. On passait d'un niveau à l'autre par des trappes et des échelles. L'accès à la porte d'entrée se faisait par une longue échelle mobile, directement au premier étage. Les gardes habitaient à tour de rôle la pièce unique pourvue de niches et d'une cheminée, et située sous la salle de guet.